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8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 18:11

Le paradoxe du suicide permanent

La vie a un caractère anarchique, elle grouille, elle pullule, elle s’immisce dans le brin d’herbe qui pousse entre deux briques. Elle est fugace et  indéfinissable. Elle se révèle là où on l’attend le moins. La vie s’inspire directement du concept de révolution permanente qui implique celui du suicide permanent nécessaire à la beauté du combat, un combat total qui ne peut se satisfaire de compromissions et qui expurge de son essence la rémission des pêchés.  La rémission des pêchés est un romantisme que l’on retrouve dans les pubs pour Frolic. L’amour, c’est l’infini à la portée des caniches, comme disait un poète sulfureux. Le suicide permanent est un principe de vie, comme son nom ne l’indique pas. Il abolit les honneurs, la réputation, l’argent, la promotion et l’ambition. Il permet d’être ainsi  insaisissable comme l’air dans le creux de la main. Il exclut toute sorte de pleurnicheries dues à des troubles hémorroïdaires et il fait aimer les mouches en tant que forme de vie louable.

Les conséquences du pourquoi primaire

Le suicide permanent, c’est la vie à l’état brut et rien d’autre, la vie qui rejette le  pourquoi primaire. Le pourquoi primaire engendre les croyances et les superstitions et il oblige à s’agenouiller devant des idoles. Il empêche le Phoenix de renaître de ses cendres. Si le but de l’existence ne consiste qu’à  être la résultante d’un pourquoi primaire, cette existence est stérile. Dans ce cas, l’humanité n’est qu’une gigantesque fourmilière dont les tenants sont les soldats au service d’un roi qui s’enorgueillit  de la productivité des ouvrières en justifiant la hiérarchie sociale au nom d’un dogme érigé sur la spéculation . Le pourquoi primaire ne peut s’appliquer à l’origine du monde et à la raison de notre présence car sinon, elle se résumerait à la production d'une essence aussi imaginaire que nocive au libre arbitre .

Etre ou faire

Bref, nous ne sommes rien d’autre que rien et si nous décidons enfin d’être quelque chose, seule l’action sera notre salut en éliminant de notre jugement toute autre forme de considérations nombrilistes et superfétatoires.  Pour être vraiment, il faut agir et se réveiller chaque matin  avec cet état d’esprit qui fera une vérité de cet adage: « Si je ne fais rien aujourd’hui, je ne serai rien ce soir ! » Voilà ce qui différencie les êtres humains des fourmis. Les fourmis subissent le cauchemar éternel de la fatalité, issue de la Saint Trinité ou du déterminisme social. Les fourmis n’ont pas de conscience morale, elles font ce qu’on leur dit de faire en se dédouanant de toute culpabilité au nom d’un système qui fonctionne à l’aveugle et dont personne n’est responsable. La rafle de Rachel Salmona en janvier 1943 par les lourdauds de la gendarmerie nationale est le parfait exemple de l’horreur de la soumission banale. 

Le sommeil des fourmis

Les fourmis agonisent  au tréfonds d’un rêve éternel mais comment pourraient-elles connaître le monde réel puis qu’elles ne se sont jamais réveillées. Lorsque que la fourmi se réveille, elle s’hominise et prend conscience du pouvoir illimité qui lui est inhérent. Elle comprend qu’elle peut s’extirper de la fange dont les éléments constitutifs sont les chaînes de son histoire, de son environnement et du jugement des autres. L’ être humain en formation comprend alors qu’il dispose d’un pouvoir considérable sur les fourmis et intègre peu à peu tout le potentiel de ce qu’on nomme la Liberté. Jamais plus, il ne sera un rouage de la machine, jamais plus, il n’acceptera d’aller trimer jusqu’à la mort pour engraisser le roi sans avoir pris le temps de contempler la beauté du monde et de la créer, jamais plus, il ne sera complice d’un système inerte capable de produire l’extermination d’un peuple et la désolation suprême, jamais plus, il n’aura d’autre but dans la vie que de celui de posséder encore et toujours plus, jamais plus, il ne sera « celui qui est né pour la peine et pour consommer. » Il sera, au contraire, celui dont la mission est de secouer le prunier. Cette mission, personne ne lui a confié et c’est pour cela qu’il  érigera la controverse en tant que catalyseur de sa nouvelle Liberté et en se marginalisant de la matérialité sociale.  Il ne sera pas forcément un ange mais Il aura fait son choix lui-même et c’est là que le pourquoi prend tout son sens, un pourquoi qui n’est plus subi, mais dont la résultante sera un choix consenti et révélant toute la magnificence de la Liberté.

Je doute du doute

Admettons cependant que la Liberté ne soit qu’une illusion et que nos consciences ne soient que l’épiphénomène électrique d’une réalité organique, il reste quand même un doute dont la propriété est de douter de lui-même de façon hyperbolique comme chez tous les cartésiens paranoïaques. En résumé, même si la Liberté n’est qu’un simple esprit de contradiction animé par des déterminismes inconnus, c’est déjà ça. En tout cas, cet homme nouveau sera le contemplateur de la vie qui grouille et qui survit de corruptions en corruptions jusqu’au sacrifice du bouc-émissaire nécessaire à la cohésion du rêve et de la merdologie ordinaire.

Le potentiel anarchique des enfants

Les enfants sont extraordinairement anarchiques dans le sens où ils se sentent immortels et que leur esprit créatif n’a pas de limite. On pourrait dire qu’ils ne se sont pas encore endormis.  C’est sur cette potentialité et cette envie que l’éducation doit se fonder afin de former les êtres qui bâtiront les fondations des mondes de demain. Non seulement, l’éducation est déficitaire en la matière mais elle s’ingénue a distiller peu à peu le poisson de la déstructuration totale de la société, l’anomie irrémédiable. Les enfants d’aujourd’hui sont les créateurs de demain et ils inventeront ce que nous-mêmes ne pouvons imaginer.

Les dérives de l’Education Nationale

L’éducation nationale, l’inertie de sa structure verticale et sa politique stérile ne visent qu’à faire du chiffre. Non pas à chaque élément soit conscient de la bonne parole admise en la transmettant  au rang inférieur mais chacun tente d’échapper au naufrage en voulant contrôler la machine de par un chiffrage aussi péremptoire qu’inefficace. L’Infantilisation du personnel de l’Education Nationale est désastreuse et cela produit l’acceptation scandaleuse du chiffrage qui mène au fichage. Entre les deux, il n’y a qu’un ruisseau à franchir, ce ruisseau c’est le Rubicon : attention à la tentation idéologique qui viserait à passer la frontière de la République. On veut marquer nos enfants « à hauts risques » au fer rouge sous le sceau de l’infamie. Personne ne peut accepter la dictature d’un monstre froid qui dévore les ambitions créatrices des individus en les polluant de leurs concepts visqueux dont la compétitivité sans limite et la concurrence sauvage sont les postulats. La politique éducative même de la troisième république, après la défaite de 1870, n’eut d’autre objet que l’endoctrinement de générations entières afin de récupérer l’Alsace et la Lorraine. Cet enseignement patriotique éleva des batteries entières de chair à canon vouées au sacrifice au nom du Dieu Capital qui fut bien le nerf de la guerre et quoi qu’on en dise. Conséquence de la plaisanterie : 10 millions de morts.  La politique de l’éducation nationale vise à construire une anthropologie illusoire, une taxinomie qui classe par genre, par couleur, par religion, par groupes sanguins, par Catégories Socio-Professionnelles. Elle veut contrôler, gérer, manager une chose qui  lui est totalement inaccessible : l’esprit humain.

L’illusion de la nature humaine

La nature humaine a ceci d’intéressant, c’est qu’elle refuse de se laisser enfermer dans une quelconque définition. La façon la plus  objective de l’appréhender est de considérer l’homme en tant qu’entité biologique. Il est donc relativement aisé de le résumer à un tableau de statistiques. Etudié donc, sous l’angle anthropométrique, la distance qui sépare l’index du pouce d’un Homo Sapiens français quand les doigts sont écartés est de 16 cm. Voilà exprimée de la façon la plus simple qui soit, un bref extrait de la nature humaine. De cela peut découler une certaine idée de la perfection à atteindre si l’on veut bien admettre que la perfection se doit d’épouser totalement les courbes de la normalité mesurable. Cet aspect quasi-mathématique de la nature humaine, chiffrable, quantifiable produit une base de données appréciable sur un plan médical, permettant à juste titre de diagnostiquer des dysfonctionnements. Il faut, cependant, veiller à ce que ce genre d’informations ne servent pas à la propagande des idéologies eugénistes, et même dans le cas où elles émaneraient d’un cerveau humaniste se prônant le chantre de l’amélioration médicale par la sélection des éléments les plus sains à des fins reproductrices, il faut prendre conscience que la mise en place d’un tel système est moralement inacceptable puisque remettant en cause le droit fondamental que possède l’être humain de se reproduire, droit dont la négation reviendrait à parapher les alinéas d’une constitution  totalitaire. La volonté politique qui consiste à élaborer des critères d’ « anormalité » en fonction de comportements idiosyncrasiques  qui ne collent pas aux canons de la collectivité en tant que biomasse amène, dans un second temps, à un flot de discriminations relatives aux façons de penser, aux croyances et à la couleur de peau.  L’homme est bien autre chose qu’un nombre d’or et il faut surtout le définir par son potentiel d’exploration : il explore l’art, la science et l’espace. Son intelligence lui permet de s’extirper de la gravité en fabriquant un avion. Par définition, il devient donc un animal volant, considérant que ce progrès est le fruit de son intelligence. Il a aussi conquis ses lettres de noblesse en tant qu’animal marin, sous-marin, spatial …. L’homme a cette faculté d’étendre le champ de sa nature. De par l’approche de la définition de la nature humaine, il est aisé de constater combien le débat sur l’identité nationale sombre dans l’enfantillage. Où se porte l’intérêt de discutailler éternellement sur des querelles de Byzantins émanant d’une fausse question à caractère électoraliste. N’est-il pas plus urgent de s’attarder sur le sens de la construction des rapports humains plutôt que de stigmatiser encore et toujours les minorités ou nos enfants en errance au nom de nos vaines traditions ? La connaissance de l’histoire nous montre la réalité des flux migratoires tout au long de l’histoire depuis l’australopithèque jusqu’au Besson-erectus. Si  être Français consiste à  interdire, à des êtres humains démunis qui désirent  passer en Angleterre, une simple douche et une tente sous le prétexte fallacieux que les Afghans seraient attirés par nos campings, dans ce cas, être Français est antinomique avec le sens de la dignité humaine. Selon les théories existentialistes, nous sommes ce que nous faisons et ce que nous faisons étend, à chaque fois, le champ de la nature humaine. En vertu de ce principe fondamental, il  n’y a qu’un pas à faire pour décider nous même que cette identité nationale se fonde sur ce que nous voulons qu’elle soit : l’humanisme.

Le dictature de la note

Un enfant vaut 2/20 et pourtant, il est loin d’être aussi stupide que la note ne l’affirme, telle n’est pas sa nature. Mais il ne correspond à aucun critère défini par la grille d’évaluation. Il est donc exclu de la communauté  pour non-conformité. Son sort scolaire est scellé : il sera classée, jugé et broyé. Mais conforme à quoi ? Conforme aux règles du moule institutionnel qui destituent l’anarchie vitale pour faire des enfants de parfaits consommateurs. Ils ingurgiteront un semblant de connaissance et leur sera nécessaire à être les esclaves d’un système dont le but ultime est de les presser comme des citrons. Et quand ils auront été pressés, il sera temps pour eux de réserver leur concession au cimetière de l’égalité. « Tous les individus meurent égaux en droit » triste formule qui résume bien ce que devrait combattre la véritable Education. Hélas, l’Education Nationale est devenue le cirque Pinder. L’esprit créatif est dangereux pour l’ordre établi, alors même les enseignants sont complices afin de ne pas perdre leurs petits privilèges et leur note dérisoire décidée par les clowns de service. Cette servilité est déterminé par la formation initiale car le seul critère d’admission à l’exercice du métier de professeur des écoles est la docilité. La simple visite d’un sous-sous chef des fourmis, incarnant la négation de la vie réelle d’une école est perçu comme un loup dans la bergerie. Alors, c’est la panique à bord, il faut bien veiller à satisfaire la médiocrité institutionnelle et si l’on se prosterne devant l’autel de notre maître vénéré, l’Ange Gabriel qui descend du ciel pour annoncer les fermetures de classe ,on pourra continuer la médiocrisation ordinaire avec la satisfaction du devoir accompli. Encore, si l’Inspecteur se présentait avec une mallette de  dollars au lieu des éternels bon-points et des poncifs éculés de la flatterie réservés aux fayots du jour qui considèrent la connerie comme de la loyauté, les courbettes seraient justifiées, mais ce n’est pas le cas. Quelle est donc cette force mystérieuse qui pousse les fourmis à ce satisfaire de leur condition ? Heureuse médiocrité, préside à mes désirs, préside à ma fortune, écarte loin de moi l'affreuse pauvreté, et d'un sort trop brillant la splendeur importune. Cette ambition qui voudrait enfermer des univers entiers de création dans une grille caricaturale est aussi néfaste que  ridicule. L’Education Nationale est programmée pour former des vendeurs de tapis mais stagne au niveau zéro de l’humanité. Elle tue l’anarchie bienfaisante qui fait que le monde s’adapte en permanence à des niveaux de survie qu’on  ne soupçonne même pas. La formation abrutissante du monde commercial se distille dans nos écoles. Il est urgent que nos élèves soient capables de construire des machines qui ne servent à rien, juste pour le plaisir, des machines qui ne sont pas faites pour générer du profit car rien n’est jamais plus essentiel que le superflu et l’inutile. Que les administrateurs fassent leurs projets inutiles et laissent l’anarchie accomplir son œuvre pour aboutir à l’œuvre, selon la définition de Hannah Arendt.

Le travail et l’œuvre

Le travail chez Hannah Arendt correspond à l'activité visant à assurer la conservation de la vie, par la production des biens de consommation subvenant aux besoins vitaux. En cela, il renvoie d'une part à la nécessité, d'autre part à la production de ce qui est rapidement consommés, et donc de ce qui doit être constamment renouvelé, ne créant ainsi aucune permanence. En tant que référée à la satisfaction des besoins biologiques, et donc en ce qu'elle se caractérise par la non-liberté, il s'agit là de l'activité qui nous rapproche le plus de l'existence animale, et par conséquent l'activité la moins humaine, se rapportant pour cette raison à l'humain comme un animal qui travaille. Le travail doit rester dans le domaine privé, sous peine que la vie de l'homme devienne une quête d'abondance sans fin, subordonnée à la production et consommation, et donc à ce qui participe de l'éphémère.
Au contraire du travail, l’œuvre participe à la fabrication d'un « monde commun » s'inscrivant dans une certaine durée et stabilité. A la différence du travail, l’œuvre renvoie à la « non-naturalité » de l'être humain, en cela qu'en œuvrant, l'humain crée un monde distinct du monde strictement naturel, monde au sein duquel peut se dérouler la vie humaine comme vie collective.
Invitons donc nos élèves à œuvrer plutôt que d’en faire des fourmis utilitaires pour les uns et des élites pour les autres selon le principe de la sélection naturelle qui correspond au monde des fourmis mais certainement pas à celui des humains.

 

 

 

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