Compte rendu de la réunion du
mercredi 23 février 2011
en mairie du Tréport
À l'initiative de plusieurs élus municipaux, une rencontre a eu lieu le mercredi 23 février en mairie du Tréport avec les parents d'élèves et enseignants afin d'envisager un plan d'action destiné à lutter contre les projets de fermeture de classes à la rentrée prochaine.
Ces projets touchent tous les établissement scolaires de la commune, que ce soit dans les maternelles, à l'école primaire (un poste menacé dans chaque structure), au lycée (fermeture de 3 CAP), ou au collège (réduction de la dotation horaire et fermeture de l'agence comptable).
Laurent Jacques, premier adjoint au maire a ouvert la séance en précisant que cette réunion avait été organisée en urgence durant les vacances scolaires « car la situation risque d'être très grave à la rentrée et que le calendrier est serré. Nous sommes confrontés à la volonté du gouvernement de ne plus scolariser les enfants de 2 ans, ce qui va causer de grandes difficultés dans une commune où de nombreuses familles sont fragilisées. Les fermetures dans le primaire et au lycée, la baisse de la dotation horaire au collège vont elles aussi fragiliser un peu plus les familles ».
80 000 postes supprimés en 5 ans
Jean-Jacques Louvel a pour sa part rappelé que quelques jours plus tôt le conseil municipal avait adopté une motion visant à refuser les fermetures que le rectorat et l'inspection académique veulent imposer. « Nous sommes face à une casse systématique du système éducatif en France. Au Tréport nous avons la volonté de privilégier l'éducation de nos gamins et le gouvernement fait le contraire », insistait l'adjoint au maire en charge des affaires scolaires et de la jeunesse.
Pour Jean-Charles Hagnéré, enseignant et syndicaliste, ce sont 80 000 postes d'enseignants qui auront disparu au cours du quinquennat de Nicolas Sakkozy. « L'inspecteur d'académie nous prépare une carte scolaire sanglante qui ne sera dévoilée qu'après les élections cantonales pour ne pas froisser l'électorat. Le Tréport est particulièrement touché alors que les difficultés des familles justifieraient son classement en ZEP. L'augmentation des effectifs ne fera qu'accroître les difficultés des enfants. On applique une logique comptable bête et méchante », a-t-il expliqué.
Les collèges « punis »
Pour Jean Venel, conseiller délégué à la culture et ancien principal adjoint de collège, « si nous avons su nous mobiliser pour la défense des retraites, il me paraît au moins aussi important de nous mobiliser pour les enfants ». Il signalait que « les collèges qui vont faire redoubler des élèves seront « punis » par une baisse de leur dotation horaire. À leurs difficultés on ajoutera donc une difficulté supplémentaire. Le redoublement n'est pas toujours la solution, mais c'en est parfois une. On enfoncera les collèges concernés. À l'école primaire la suppression d'un poste va généraliser la composition de classe à deux niveaux qui ne feront qu'accroître les difficultés des enfants. Au lycée, les élèves qui trouvaient le moyen d'obtenir un diplôme par le biais du CAP vont être écartés. On dira à ces gosses qui veulent faire un CAP cuisine, d'aller au Havre. Quand on connaît l'état des transports en commun, on sait qu'ils n'iront pas. Quant à l'agence comptable du collège, c'est elle qui gère la mise en place des projets pédagogiques. Sa fermeture rendra plus difficile tout montage de projet. L'administration de l'Éducation Nationale fonctionne à l'envers. On fait des évaluations et on en nie les résultats en enlevant des postes là où les gosses sont en difficulté. La notion de « seuil de classe » qui fait que l'on décrète une fermeture si le nombre moyen d'enfants est inférieur à 24, est une aberration quand on sait que dans une classe où les enfants sont en difficulté, il ne faudrait pas dépasser 15. Nous sommes dans une société où le rendement et le profit à court terme dirigent tout ».
Les professeurs ont été manipulés
Une enseignante du lycée a tenu à dénoncer la manipulation dont elle et ses collègues seraient victimes. Elle expliquait à ce sujet qu'au terme d'une rencontre avec les inspecteurs, un accord avait été trouvé pour fermer le CAP services hôteliers qui ne touche pas réellement de public et pour l'ouverture d'un bac pro cuisine, les CAP cuisine et restauration devant être maintenus. « Les inspecteurs présents ce jour là ont soutenu ce projet et ce sont eux qui nous ont descendus derrière notre dos. C'est écœurant. Jusqu'alors nous avions en face de nous des inspecteurs avec lesquels nous n'étions pas toujours d'accord, mais là, nous avons été manipulés. Pour justifier la fermeture des CAP cuisine et restauration, ils assurent aujourd'hui que nous n'avons pas le vivier nécessaire. Ce vivier était le même quand ils ont soutenu notre projet. Alors soit ils nous ont menti à l'époque, soit ils sont totalement incompétents. Le CAP permet de maintenir des élèves fragiles et leur donne l'occasion de poursuivre éventuellement vers un bac pro. S'ils s'inscrivent directement en bac pro, nous allons en perdre en cours d'année. Ce sera un problème pour eux qui sortiront sans diplôme et pour le lycée car on nous dira que si les gosses ne restent pas, le bac pro fermera lui aussi. Il y a un gros risque. Le rapport de forces est implacable. Ils n'ont aucune raison de plier. Il n'y a que par les urnes que cela pourrait se décider, et ce n'est pas pour tout de suite ».
Action le 7 mars, jour de la rentrée
Pour Jean-Charles Hagnéré « en ne bougeant pas, nous sommes sûrs de ne rien avoir ».
Jean-Jacques Louvel et Laurent Jacques abondaient dans son sens et assuraient qu'il n'est pas question d'attendre les élections cantonales pour réagir.
Laurent Jacques a proposé aux quelques parents présents de contacter d'autres parents pour prévoir une action le 7 mars, jour de la rentrée. Une nouvelle rencontre aura lieu le 28 février ou le 1er mars pour déterminer les modalités de cette action. La question du soutien ou de la participation aux manifestations à Rouen les 9 et 19 mars sera également évoquée.
Les parents d'élèves se sont concertés pour établir un protocole d'action.